présenté par Maya Raimbault, Salomé Amis et Alixe Ithié

Jeanne Vicerial est résidente à la Villa Medicis à Rome en 2020 pendant la pandémie. C’est une pause mondiale, toutes les activités sont à l’arrêt. Mais le besoin de création est toujours présent, elle se lance donc un défi qui mènera à terme à la collection : Quarantaine vestimentaire.

 

Chaque jour une nouvelle création apparait sur son Instagram comme une façon de répondre formellement et visuellement à la situation actuelle.

 

Jeanne Vicerial a beaucoup travaillé avec la photographe Leslie Moquin, notamment lorsqu’elles étaient en résidence à la Villa Médicis. Étant donné qu’elle n’avait pas pu recevoir les matériaux commandés à cause d’un problème de livraison, elle a cueilli les fleurs présentes dans le parc et a commencé à faire une critique de ce que pouvait être les saisons dans la mode. Elle a ainsi créé une collection qui n’existe pas ou qui est juste une image. La seule trace est cette série d’autoportraits.

Jour n°8 :  « Venus Ouverte »


source : Instagram : jeanne_vicerial


La mode créée dans l’instant

 En résidence à la Villa Médicis, Jeanne Vicerial s’inspire et puise dans son environnement floral pour créer des tenues d’instant. Chaque fleur est collectée à la main et déposée délicatement pour former un corset. Symbole d’une réflexion sur la puissance du corps féminin et sur la procréation, des filaments roses jaillissent de part et d’autres de ce corps. Ils représentent la fécondités, le lien entre la mère est l’enfant par le cordon ombilicale. Ou trou béant au milieu de la poitrine interroge : est-ce malveillant, dangereux ? Une harmonie finalement se dégage de cette structure d’instant, ou chaque fleur après avoir rempli leur rôle, fanée, seront réutilisées dans une future collection.


Jour n°13 :  « Menerva »


source : Instagram : Jeanne_vicerial


La mode en art primitif

Les guerrières inspirent Jeanne Vicerial dans cette tenue puisant dans l’art primitif. Ce sont des revenantes, des guerrières féminines d’outre-tombe, des déesses maitresses de destinées humaines. Réalisée grâce à un assemblage subtile de raffia est de cordage, dans cette tenue elle incorpore des fleurs rappelant l’univers dans lequel elle évolue à cette période : la Villa Médicis. Le masque est de retour tel un monstre envahissant et menaçant. Ce masque, et ce qu’il représente, va-t-il tous nous dévorer ? Une balance se créer entre le pouvoir communiqué par la symbolique de la guerrière et la menace d’une guerre inconnue, masquée.


Jour n°17 :  « Démasquée »


source : Instagram : Jeanne_vicerial


 Tenue symbole de protection

“Restez couvert”, expression populaire recouvrant de nouveau sens, prend une nouvelle dimension lors de cette épidémie mondiale du covid en 2020. Jeanne vicerial explore l’utilisation du masque chirurgical et de ses nombreuses répercutions sur les relations et le corps humain. Le masque nous protège, dans cette tenue tout le corps est recouvert sauf cette partie du visage. Elle prend donc ici le sens d'"être protégé", qu'on utilise dans le langage militaire. «Le combat contre l’épidémie nous place face à une injonction contradictoire : pour protéger la communauté, il faut s’en extraire ; pour préserver le collectif, il faut le fragmenter en une multitude de retraits individuels», nous raconte Jérôme Fenoglio.


Une hymne à la créativité

Cette collection était avant tout liée à l'idée de continuer à proposer, à créer et à se renouveler. Elle profite du confinement et des aléas de livraison pour s'inspirer et puiser dans son environnement. Chaque jour apparaissait une tenue, comme une chronique matinale s'extirpant du climat anxiogène de l'époque.

On retrouve une réelle progression et continuité dans les tenues se suivant chaque jour, chacune représentant une force à son image (la force féminine, la force de la création et la force de la nature...)