présenté par Lison Hein, Eulalie de Cuniac et Margot Scheibel

C'est dans la Villa Médicis, dans le centre historique de Rome, que Jeanne Vicérial a présenté la collection Sculptures Vestimentaires en 2020. L'artiste met alors en relation plusieurs univers distincts, l'Antiquité, la maternité ainsi que  le monde médical lors de la création de ses silhouettes sculptées de cordes et de tricotissage.

Nous nous intéresserons tout d'abord aux inspirations de l'artiste, les statues antiques ainsi que la représentation de l'anatomie humaine à travers les écorchés musculaires. Par la suite, nous nous pencherons sur le lien entre l'univers médical et la notion de double création de la vie, à travers la maternité et le vêtement.


 

Jeanne Vicerial mène une recherche sur la représentation du corps féminin autour de l’univers médical, inspirée par les Vénus ouvertes de Clemente Susini, qui représentent systématiquement les femmes allongées et dans une situation de souffrance ou de jouissance. Dans sa collection une seule sculpture est allongée, les autres sont toutes debout, une position verticale qui symbolise la femme puissante, forte et féminine. 

Les figures mises en scène par l’artiste témoignent de la technicité et de l'innovation. Jeanne Vicérial est l’inventrice du tricotissage, une méthode qui s’inspire du système musculaire humain. Elle utilise le tissage, la dentelle et la maille pour produire des vêtements éthiques. Elle se situe au carrefour entre l’art, la science et la mode.

Création d’un vêtement fait par la chirurgienne en lien avec le corps de la femme enceinte qui crée la vie

La créatrice, partagée entre son esprit scientifique et son âme d'artiste, effectue en quelque sorte une double création. Elle continue de rendre hommage à la femme, et notamment à la maternité, liant une fois de plus art et monde médical, en mettant en place une double naissance. Elle crée un vêtement autour du corps, de la femme, et le corps de la femme qui enfante.




 

 

 

 

Sa technique de tissage s'inspire de la fibre musculaire, la superposition des couches de tissus évoquant les études anatomiques. Son travail met en avant les différentes étapes de création d’un vêtement en passant tout d’abord par le bloc opératoire, tel un chirurgien, puis elle redresse ses silhouettes. Elle dissimule le corps en phase d'expérimentation continuelle, tel un corps ausculté dans une salle d’opération.

 

 

 

 

La collection printemps/ été 2023 comme des garçons de Rei Kawakubo reprend le principe de superposition de matières. Les morceaux de tissus sont ajourés ensemble afin de former une tenue comme si un corps avait été rapiécé, recousu lors d’une opération chirurgicale.

 


 

 

Avec cette collection Jeanne Vicérial abolit les frontières dans le milieu de la mode. Une artiste française, sans aucune limites, qui ne souhaite pas rentrer dans les cases de la société. Elle propose une nouvelle vision plus ouverte d’esprit : « Le fait que, dans la recherche, un projet n’est jamais beau ou laid, ni complètement raté ni inutile, est très agréable. Cela donne un rapport au temps qui est très différent de celui de la mode, de la fast-fashion et des saisons. »

 

Sources :
https://www.fashionotography.com/comme-des-garcons-spring-summer-2023-pfw/

https://www.numero.com/fr/mode/jeanne-vicerial-clinique-vestimentaire-quarantaine-villa-medicis-leslie-moquin-tricotissage-chalayan-arts-decoratifs-confinement-covid-19